Articles

Carpe diem et slow

En assistant à une brillante conférence de Pierre Moniz-Barreto sur le slow business, je laissais vagabonder mes pensées du côté de la locution « Carpe diem« .  Slow business, slow food, carpe diem.. serions-nous devenus puissamment hédonistes, voire… franchement fatigables?

En fait ce n’est pas de cela qu’il s’agit; les 2 concepts clés à l’origine du mouvement Slow Business sont le festina lente de l’Empereur Auguste, oxymore signifiant Hâte-toi lentement, et le tempo giusto, temps juste. L’oisiveté n’est pas au rendez-vous. Revenons à notre Carpe Diem, vers tronqué d’Horace à son aimée:

Carpe diem, quam minimum credula postero, c’est à dire  littéralement

Cueille le jour présent et <sois> la moins crédule <possible> pour le <jour> suivant.

La fin du vers éclaire d’une toute autre lumière le sens du carpe diem, invitation impérative à être pleinement dans l’instant, à le cueillir avec l’intensité et l’engagement nécessaires, pour avancer mieux armé vers un futur dont la nature est – sinon piégeuse –  du moins incertaine. Ce temps précieux et éphémère, célébré par Ronsard et Juliette Gréco, est aussi celui de la jeunesse.

Concentrons-nous sur les temps riches, libérés du joug convenu des urgences, ogresses insatiables. Les entreprises que cite Pierre Moniz-Barreto sont des leaders dans leur domaine; leur rapport au temps est orienté résultat, efficacité, avec une coordination entre les acteurs permettant d’atteindre une créativité, une performance et un équilibre de très haut niveau. La justesse est la clé, concept central du tempo giusto, qui est en musique le tempo de référence, rythme universel, réglé sur la pulsation vitale du cœur humain.

Ces réflexions consacrent à nouveau le sens; sens pour soi, sens pour tous, chacun contribuant en conscience à la performance, avec justesse et efficience.

N’est-ce pas là, in fine, le but de ces processus de libération des énergies et des entreprises? Changer notre rapport au temps, et permettre la confiance au service de la performance.

Cela ne nous dit pas pourquoi le vers d’Horace a si étrangement traversé le temps. Carpe Diem!

Retrouvez ici les articles du blog – merci d’avance pour vos Correspondances!

Générer la confiance est LE tipping point

Comment générer une épidémie de confiance à tous les niveaux de la société afin de sortir de cette zone grise dans laquelle les signaux économiques peuvent être lus comme avant-coureurs d’un crack boursier ou passagers?

Comment chaque entreprise peut mettre en mouvement ses salariés et oser embaucher les talents dont elle a besoin pour aller plus loin plus vite?

Comment chacun peut transmettre à ses enfants des valeurs d’espérance appuyées sur sa confiance en l’avenir?

« Toute figure exemplaire est nourricière de confiance » disait Alain Peyrefitte, nécessaire mais pas suffisant.

Les soldes ont été médiocres après une saison Automne Hiver du même acabit. La confiance des ménages est en berne selon l’expression consacrée, contrairement à la consommation d’anti-dépresseurs; les burn out sont de plus en plus à l’origine des arrêts maladie de longue durée.

Il est vital de sortir au plus vite de cette crise de confiance systémique, et l’approche de Malcolm Gladwell peut nous inspirer. Si nous regardons cette crise de confiance comme une épidémie qui contamine tous les secteurs de l’activité, en France en particulier, alors nous pouvons inoculer plus qu’un antidote, une épidémie inverse.

Pour cela il nous faudrait identifier, à chaque niveau, un élément tangible et marquant, qui crée une rupture, y allier des « déclencheurs » de cette épidémie positive, qui seront des vecteurs de la propagation grâce à leur crédibilité et à l’importance de leur réseau. Plutôt qu’une foultitude de mesurettes dont l’assemblage est illisible, il s’agit d’identifier un évènement unique, consistant, non ambigu et visible de la communauté à laquelle il s’adresse. Ceci nécessite une réflexion profonde et collective. C’est un projet d’Etat, de société, d’entreprise, et personnel…

Notre fonctionnement actuel basé sur la viralité est favorable à cette diffusion, ou contre-diffusion, à condition d’avoir identifié l’élément qui génèrera ce point de bascule, ainsi que ses propagateurs. Si nous regardons cette question fondamentale de la confiance sous l’angle de Malcolm Gladwell, je suis convaincue que nous avons la main pour agir et transformer notre environnement en terreau fertile, et personnellement j’ai hâte d’y contribuer.

Retrouvez ici les articles du blog – merci d’avance pour vos Correspondances!