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Quel temps est-il ?

Paradoxe de rentrée ? Il faut accélérer mais … slow. Les injonctions sont contradictoires, voire irréconciliables. Dans le bruit de fond ambiant, les réflexions sur le rapport au temps enflent, signe sans doute d’une prise de conscience de son importance.

Alors, quel camp choisir : speed ou slow ?

« Qu’est-ce donc le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne sais plus. » Saint Augustin, Confessions (vers 400), trad. E Khodoss, livre XI, § XIV, XVIII et XX.

Qu’est-ce-que le temps ? Aller vite ou prendre le temps ? Slow business ou fast fashion ? Devenir une entreprise à mission et s’inscrire dans le long terme, et/ou accélérer (les levées de fond, le déploiement international…) ? La conjugaison des temps n’est pas simple, et le Besherelle du business n’a pas encore été inventé. Notons que la proportion d’entreprises respectueuses de l’environnement et des conditions de travail de leur filière croît, tout comme la part de celles qui valorisent le local et les savoir-faire artisanaux.

L’un de mes clients travaille dans le domaine de l’environnement. De par les technologies employées, de par l’ampleur des chantiers, la durée des projets se compte en mois et en années. Pour autant il faut atteindre rapidement une taille critique en conquérant de nouvelles parts de marché ; cash is king ne dit-on pas ? Et donc le sujet de la scalabilité s’impose : une croissance d’activité proportionnellement accompagnée d’une croissance du poids des charges n’a pas de sens : la refonte des process et même plus radicalement le changement de paradigme s’imposent. Et in fine le rapport au temps, qui est à la fois la clé d’entrée et la résultante.

Festina lente, Hâte toi lentement

Oxymore que l’on date de l’Empereur Auguste et devise de nombreux personnages célèbres, ce conseil précieux est-il la clé de notre énigme ? Au-delà de vitesses opposées, c’est de maîtrise qu’il nous parle. La maîtrise des temps afin de réussir. Etre maître des horloges est effectivement un signe de pouvoir, et souvent un enjeu majeur lors des négociations à quelque niveau qu’elles se passent.

Regardons la vie comme si elle était un CDI, DI comme Durée Indeterminée, et non à durée infinie comme le pensent parfois certains salariés à propos de leur contrat de travail ; pour le C, je laisse libre cours à votre imagination ! La plupart des entreprises a vocation à survivre à leur créateur et à leur dirigeant. Les temps sont longs et le sien est hors contrôle. La maîtrise du temps est donc un cadre posé qui facilite l’ordonnancement de la vie.

Plusieurs regards intimes s’opposent face à l’inconnue qu’est notre date limite d’utilisation optimale. Y a-t-il un lien de cause à effet entre le regard sur cette inconnue existentielle et la manière dont on conduit le char de sa vie ? Homme ou femme pressé(e), tendance activiste, ou à l’inverse, indifférent(e) aux échéances et gourmand(e) de l’instant présent ? Autre approche encore : nous sommes de passage sur terre, et comme le dit Antoine de Saint Exupéry :

Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants.

Et donc travaillons pour les générations futures, bâtissons des cathédrales de vie, de nature, de bien vivre ensemble, et mettons toute notre énergie sans tarder à ce grand oeuvre.

Le temps c’est de l’intime

Bien évidemment tout notre environnement digital rétrécit en continu l’espace-temps d’une façon extraordinaire. Chacun connait l’importance du Time to Market. Même le luxe s’y adonne, avec, par exemple, la stratégie See now buy now de Burberry pour la Fashion Week de Londres. Réduire les temps non créateurs de valeur pour augmenter les marges et perdurer anime de nombreuses écritures de PMT. Tout ceci est du mental, de la connaissance, accessible à tous et pourtant non observé partout. Pourquoi ?

La résonance du temps est intime ; Chronos, dieu primordial de la mythologie grecque, est le dieu du temps et de la destinée. Etre dirigeant engage à mener un travail de réflexion (coaching par exemple) sur son rapport intime au temps, à la lignée dont on est issu, à son projet de vie. La conscience de son rapport intime au temps est indispensable au pilotage des temps professionnels qui mobilise le temps des autres.

La conscience de son rapport intime au temps rend libre le pilotage des temps professionnels, et ces degrés de liberté profitent au tempo giusto. Le sujet n’étant pas d’aller vite ou lentement mais d’être au juste moment, au juste rythme, dans la juste intensité.

Le temps biologique

Temps de la vie, temps des saisons, des tomates en été et des oranges l’hiver ; ce rapport au temps invite au respect de soi rendu possible par la conscience de soi ; ça chacun peut l’ajouter à sa to do list de rentrée!

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Pour trouver le bonheur faut-il le chercher ?

Pour trouver le bonheur faut-il le chercher ? Ce sujet de l’épreuve de philosophie pour les futurs bacheliers des séries techniques fait un tel écho aux réflexions sur le bonheur en entreprise que je ne résiste pas au plaisir de plancher !

Il est où le bonheur, il est où ?

Citation hasardeuse, j’en conviens… Etant donné le nombre exponentiel de Chief Happiness Officers (CHO) dans les entreprises de nos jours, le bonheur doit être beaucoup plus facile à trouver qu’auparavant ! A moins que ce ne soit le contraire… Déjà en 2011, Tony Hsieh, cofondateur de Zappos, en faisait l’apologie dans L’entreprise du bonheur. Est-ce une mue sémantique de l’ancien acronyme RH – signifiant Rendre Happy – ou s’agit-il de tout autre chose ?

Le constat est le suivant : le bonheur est un sujet à part entière, de plus en plus doté de professionnels dédiés au sein de l’entreprise. Nous pouvons donc faire l’hypothèse suivante : bien que farouche, le bonheur serait un élément clé de la performance.

De quoi s’agit-il ? “Le bonheur c’est le plaisir sans remords. ” aurait dit Socrate.  Selon le Littré : État heureux, état de pleine satisfaction et de jouissance, chance favorable, satisfaction intime. C’est aussi, et, sans doute un peu oublié, un petit meuble où l’on serre les papiers et les petits objets auxquels on tient (bonheur du jour). A travers ces approches, la dimension personnelle, voire intime, saute aux yeux.  Bouddha ne dit-il pas : « Le bonheur n’est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous, il est impossible de le trouver ailleurs. »

Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve

Etrange, de fuir ce à quoi l’humanité entière aspire, n’est-ce-pas ? Dans son dernier ouvrage Happiness Track, Emma Seppälä , a interrogé de nombreux entrepreneurs ayant réussi de façon remarquable ; elle en dit : « They were burning themselves out and « postponing » happiness in the belief that they would eventually be happy when they succeeded in their career goals ». Or, elle précise “Research shows that self-criticism is basically self-sabotage, whereas self-compassion – treating yourself with the understanding, mindfulness and kindness with which you would treat a friend – leads to far greater resilience, productivity and well-being.”.  Ne serions-nous pas parfois ennemis de notre intérêt ?

La résilience, une clé de voûte

Lao-Tseu a dit :  Le bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur. (Tao-tö-king, LVIII – VIe s. av. J.-C.). Comme le yin et le yang, le bonheur serait un ingrédient à part égale avec le malheur, croyance qui rejoint les dogmes de plusieurs religions qui promettent la félicité au paradis après une vie d’efforts et de souffrances.

Ces conceptions sont difficilement compatibles avec nos sociétés hédonistes, qui font porter sur chacun une véritable responsabilité de construire son bonheur affiché, d’être beau, en pleine santé et de réussir de front toutes ses vies.

Les épreuves – et je ne parle plus du baccalauréat – sont souvent apprenantes. Elles nous en apprennent sur nous-mêmes, et développent notre « mémoire de forme » de l’âme et du coeur. La résilience fait écho à la notion de management réflexif. Cette connaissance intime de nos ressorts et besoins rend plus apte à capter les instants magiques, à prêter attention aux synchronicités, et pourquoi pas à découvrir par sérendipité.

Pour trouver le bonheur faut-il le chercher ?

Le bonheur est singulier, comme le sont nos besoins. La disponibilité au bonheur peut être facilitée par le collectif, comme le fait le Bouthan avec sa célèbre mesure du Bonheur National Brut. Il repose aussi et surtout sur la perception, la capacité à s’émerveiller, à observer, à être connecté à son environnement. La disponibilité au bonheur, plus que sa quête, est peut-être le chemin du bonheur?

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