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Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur.

La sagesse du Petit Prince est toujours utile en ces temps de rentrée. Nouveautés en tous genres, discussions de machine à café sur les vacances, qu’il conviendra d’avoir réussies… Et vite le rythme s’accélère, parfois jusqu’à l’écoeurement. E-coeur-ment. Selon le Larrousse, trois sens au mot Ecoeurement : Etat d’une personne écoeurée (nous l’aurions deviné), dégoût profond et découragement, malaise.

Ce terme est fréquent dans le langage des millenials, et pas seulement en lendemain de soirée. Il évoque une colère mélée de tristesse, quand il n’est pas un simple tic de langage. Quoiqu’il en soit, c’est de coeur qu’il s’agit, et plus encore de ne pas le perdre. Le Littré nous livre cette éthymologie : Faire perdre le coeur, mais aussi de Escuerer : percer, transpercer le coeur.

Le coeur est donc au coeur du propos. Aussi, pour prolonger l’été et conserver votre coeur en pleine forme, je vous propose un Quizz de rentrée. Rien de plus simple ! Enjoy !

Le Quizz des 3 S (aucun rapport avec un chouchou VaDiste)

Parmi ces 15 affirmations, choisissez les 5 avec lesquelles vous êtes le plus d’accord et notez leur numéro. Dans une autre colonne faites de même avec les 5 qui vous conviennent le moins.

1 – Je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas, et j’en tiens compte au travail

2 – Je sais exactement quelles sont mes compétences transférables hors de mon entreprise/mission actuelle

3 – Je connais la stratégie dans laquelle s’inscrit mon action et je sais quelle part j’y joue

4 – Je suis au clair sur l’impact de l’intelligence artificielle, des algorithmes et des robots sur mon activité

5 – J’utilise aussi mes émotions pour décider

6 – Je mène un travail de développement personnel, en particulier sur mes soft skills

7 – J’ai une vue claire sur mon écosystème et sur la façon dont il évolue

8 – Je connais mes valeurs, je travaille sur mes croyances, et je veille à vivre en harmonie avec elles

9 – Je m’efforce de revisiter régulièrement des moments marquants pour apprendre et progresser

10 – Je sais comment me préparer aux échéances difficiles

11 – Je trouve une utilité à ce que je fais

12 – J’ai l’habitude de développer mes compétences en collaborant à des projets transversaux

13 – Je suis fier de mon parcours, j’aime transmettre

14 – Je capte les signaux faibles que mon corps émet, j’en tiens compte pour préserver ma performance et ma vitalité

15 – Je pourrais me réinventer totalement s’il le fallait.

Comment analyser vos réponses :

Evidemment sans tricher, ne lire la suite qu’après avoir sélectionné vos affirmations favorites et celles qui vous correspondent moins, bien sûr!

Les affirmations 1,5,9,10 et 14 concernent le Self-management. Comment vous vous managez vous-même, afin d’être un leader inspirant, c’est à dire qui importe des tensions pour exporter enthousiasme et hauteur de vue.

Les affirmations 3, 7, 8, 11 et 15 parlent du rapport au Sens, à votre raison d’être, à la perception de votre propre utilité et à ce que vous pourriez faire pour développer cette dimension source d’épanouissement.

Enfin les autres, 2, 4, 6, 12 et 13 ont trait aux compétences (Skills), dont le réagencement va créer les rôles de demain, à condition que votre socle de soft skills soit solide.

Vous notez la dominante de vos affirmations préférées : Self-Management ? Skills ? Sens ? Ainsi que celles que vous avez considérées comme les moins proches de vous. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

L’humble ambition de ce quizz de rentrée est de vous inviter à prendre un temps pour vous, quelques minutes avant le rush des réunions, des conf-calls… De quoi vous permettre de démarrer avec un soin de vous accru, avec un souci du comment, du pourquoi.

Mon expérience m’amène à penser que ces questions sont aussi un rempart contre l’écoeurement, dans tous ses sens. Il y va de votre résilience, de votre performance, et de votre santé tout simplement !

Ce serait intéressant que vous partagiez vos impressions et réflexions. Il serait également très intéressant que vous inscriviez à votre plan de développement personnel un point ou deux, et que vous vous y mettiez sans procrastination excessive…

Alors très belle rentrée à tous !

PS : Si tous les hélicoptères opérant sur les terrains de conflit pouvaient larguer des coeurs, nous serions moins écoeurés à l’écoute des informations. Alors merci au graffeur dont j’ai reproduit l’oeuvre; elle figure dans son intégralité sur un blockhaus de la métropole lilloise .

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Devoirs de vacances et devoir de vacance

Je vous souhaite des vacances incroyables, d’authentiques vacuités, je vous souhaite de vaquer à vous !

Amazing holidays

Pendant quelques semaines/jours, imaginez que vous vous reconnectez avec l’enfant qui sommeille en vous, et à vos rêves… Votre enfant est-il fier de vous, est-il heureux de l’adulte que vous êtes devenu ? Quels renoncements l’attristent, l’irritent ? Quelles belles surprises lui avez-vous offertes ? En vidant votre to do list, vous vous donnez l’opportunité d’un précieux rendez-vous avec vous-même et avec les autres.

Avez-vous connu les « devoirs de vacances » ? Peut-être même y en a-t-il dans les valises pour vos propres enfants ? Ce serait dommage qu’ils oublient tout en quelques semaines, l’oisiveté étant la mère de tous les vices, de surcroît ! Pris au sens littéral, Le Devoir de vacances peut s’entendre au sens du Devoir de réserve, comme une obligation à être vacant, une obligation de faire rien…  Dans sa Lettre à Minicius Fundanus (IIème siècle), Pline le Jeune écrit :

Mieux vaut infiniment ne rien faire que de faire des riens.

Pas simple, tout cela ; c’est pourquoi je vous propose des devoirs de vacances qui aident à ne rien faire, ou mieux encore, à faire rien !

Devoir de rédaction : Bien réussir ses vacances, c’est quoi pour vous ?

Imaginez des vacances idéales pour vous ; quels en seraient les effets à la rentrée ? Quelles sont les conditions nécessaires à ce succès, quels en seraient les obstacles ?

Vous visualisez cette rêverie et la racontez par écrit en 130 mots (environ !)

Devoir de mathématiques : Mesure du temps de déconnexion.

Il s’agit, bien sûr, de la déconnexion professionnelle, de l’organisation de l’absence, de la confiance dans le dispositif mis en place, mais pas que. Faire du sport pour le plaisir, sans enjeu de performance, sans objet connecté, attentif à ses seules sensations. Etre ici et maintenant, avec les vôtres et ceux dont vous ferez connaissance.

Réalisez une courbe suivant votre progression.

Devoir de sciences naturelles : Redécouvrez votre corps, son anatomie, son rythme, ses besoins.

Votre corps vous envoie des signaux de tous ordres, pour préserver ou restaurer son homéostasie (satiété, fatigue…). Or, les rythmes contraints des vies trépidantes nous éloignent de ces perceptions, amenant le corps à s’exprimer plus fortement, plus douloureusement parfois, pour être entendu.  C’est par notre corps que nous existons au monde (en tout cas pour le moment !)

Notez dans un carnet ce que vous (re)découvrez du fonctionnement extraordinaire de votre corps.

Devoir de rien et de tout :

Contemplez, regardez les étoiles, écoutez le vent, et sentez votre présence dans cet univers immense. Prenez conscience (de vos sensations, de ce qui vous entoure) Quel sens a votre vie, quel sens ont vos actions ? Qui êtes-vous ? Je vous laisse à votre méditation…

Et surtout je vous souhaite de belles et pleines vacances. Je serais ravie que vous répondiez à ce billet par quelques partages. Je vais m’appliquer ces devoirs de vacances d’ailleurs!

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La biologie des entreprises résilientes

Les éléphants ont très peu de risques de développer un cancer, alors qu’ils ont cent fois plus de cellules que les humains et vivent presqu’aussi longtemps. Des chercheurs ont récemment découvert la sur-représentation du gène  TP53 chez les pachydermes. Les cellules éléphantines ne sont pas moins atteintes par des mutations pathologiques, mais quand c’est le cas, elles sont programmées pour s’autodétruire immédiatement. Chaque cellule de chaque éléphant sait ce qu’elle a à faire en cas d’altération, et ceci garantit la survie de l’espèce.

Cette découverte, prometteuse pour la santé humaine, inspire également d’autres réflexions passionantes sur la pérennité des entreprises, dès lors qu’on les considère comme des écosystèmes.

Les entreprises familiales centenaires, voire plus que bicentenaires (Les Henokiens) sont nos éléphants. En dépit de leur longévité, des transmissions successives et des agressions économiques, militaires, financières…, elles sont toujours – pour une bonne part d’entre elles – dynamiques, modernes, vivantes! Quel secret de résilience se cache dans leurs gènes?

Arie de Geus, auteur du concept d’entreprise apprenante, s’est interrogé sur ces entreprises vivantes,  leur pérennité rivalisant avec leur performance. Parmi les points communs notables, il pointe ceux-ci:

Elles apprennent sans cesse, elles se posent à tout moment la question : « Que ferons-nous en telle circonstance » ? et dessinent simultanément des plans d’action. Cette « mémoire du futur » sert de moteur d’adaptation aux aléas de l’environnement. Elles préservent à travers leurs métamorphoses une identité forte. Elles cultivent l’autonomie, la décentralisation des décisions des personnels et des partenaires. Elles manifestent enfin une très grande prudence financière, privilégiant l’investissement constructif par rapport à la spéculation.

La fidélité à l’identité et à la culture est le pivot de ces belles et longues histoires entrepreneuriales. Il faut savoir raconter et conter l’entreprise, pour ancrer et faire vivre son ADN, quoi qu’il arrive. La résilience des entreprises repose sur ce souffle du mythe transmis par les anciens aux équipes actuelles; ce mythe unit par un lien de sens le passé, le présent et le futur; ce lien n’enferme pas les évolutions des sociétés dans leur passé glorieux, mais … passé; il est souple et cohésif. Cette trame invisible permet l’autonomie et une gestion des risques éclairée (la mémoire du futur qu’évoque Arie de Geus).

Toutes les entreprises n’ont pas vocation à être pérennes. Elles ont toutefois pour la plupart une raison d’être et une valeur ajoutée qui dépassent le destin personnel de leur dirigeant, qui est un passeur, un griot à son service, un créateur de nouveaux liens.

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Plus le cadre est strict, plus je me sens libre

Cette phrase qu’aurait prononcée Mozart mérite un arrêt de quelques minutes.

Le cadre, comme nous l’avons vu dans le précédent article du blog du site de Correspondances, est l’un des 3 piliers du manager; le cadre entoure l’oeuvre et fixe les bornes. Il contraint le génie de l’artiste à fuir la facilité et le contient.

Dans le monde de l’entreprise, le cadre permet de faire mieux avec moins, d’innover, c’est à dire d’oser imaginer des solutions frugales et parfois géniales.

Il n’est pas l’ennemi de l’épanouissement individuel et collectif, ni même de l’entreprise libérée, bien au contraire. Porteur de sens, il donne de l’assurance. Penser et agir out of the box suppose d’avoir une représentation claire de ce qu’est la boite!

Le cadre n’est pas l’oeuvre comme la carte n’est pas le territoire, mais il est la condition sine qua non de la créativité.

Qu’en est-il du statut Cadre, parfois décrié, et – au delà de l’homonymie-, quelle est sa contribution en l’espèce? Caractérisé par son adhésion à une caisse de retraite spécifique, ce statut ne semble pas avoir de relation particulière avec notre sujet du jour. Notre sujet est un enjeu managérial, qu’il soit hiérarchique ou fonctionnel, et concerne tous les niveaux de l’entreprise, a fortiori son top management.

Un dirigeant qui exprime le cadre dans lequel se joue la partie, avec des mots simples et conformes à la culture de son entreprise, potentialise de façon magique sa performance; on peut le vérifier aisément par un micro-trottoir dans les couloirs, en mesurant la proportion des managers qui connait la réponse à ces 3 questions:

Quelles sont nos 3 priorités dans les 12 mois qui viennent?

A quoi verrons-nous concrètement que nous avons réussi?

Personnellement, quelle sera votre contribution principale?

Simple direz vous? peu fréquent en fait…